Dans un discours liminaire prononcé lors du symposium ministériel de l’Indaba, M. Denys Denya, premier Vice-président exécutif du Groupe Afreximbank, a fait valoir que le continent se trouvait à la croisée des chemins et pouvait soit continuer à exporter sa richesse et rester un acteur marginal de l’économie mondiale, soit prendre des mesures audacieuses pour s’approprier ses ressources.
Il a fait observer que « si l’industrie minière mondiale a généré environ 1 700 milliards de dollars US de revenus en 2023, la part de l’Afrique dans cette richesse de l’Afrique reste disproportionnellement faible ». « Notre continent extrait les matières premières qui alimentent les industries mondiales, mais on estime que nous conservons aussi peu qu’entre 4 % et 20 % de la valeur totale de nos minéraux en raison d’un traitement local minimal et d’un développement limité en aval. Conséquence ? Perte d’opportunités économiques, exposition à des cycles volatils des matières premières et dépendance persistante à l’égard des marchés extérieurs pour les produits raffinés dérivés de nos propres ressources ». « Le choix est le nôtre. Le moment est venu d’agir. Gouvernements, institutions financières, investisseurs et acteurs de l’industrie, travaillons ensemble pour construire une Afrique où l’exploitation minière n’est pas seulement une question d’extraction, mais aussi de transformation, d’innovation et de création de richesse », a déclaré M. Denya. « L’Afrique dispose des ressources, du potentiel commercial et des cadres stratégiques nécessaires pour passer d’un continent dépendant des ressources à une puissance industrielle. Toutefois, la réussite dépendra de l’action audacieuse et décisive de toutes les parties prenantes. Les décideurs doivent mettre en œuvre des réglementations claires et exécutoires qui imposent la création de valeur ajoutée locale et créent des environnements favorables à l’investissement. Les investisseurs du secteur privé doivent accroître leurs capitaux et leurs technologies en vue de développer des installations de transformation, de raffinage et de fabrication ».
Inverser cette tendance exigeait une action audacieuse et coordonnée, a-t-il soutenu. « Nous devons aller au-delà de l’extraction et investir dans le raffinage, la fusion et la fabrication de pointe. Les pays africains doivent accroître leur capacité de traitement locale des minéraux tels que la bauxite, le lithium, le cobalt et le minerai de fer ».
Il a ajouté que la collaboration régionale est essentielle, dans la mesure où aucun pays ne peut à lui seul construire une chaîne de valeur minière de manière isolée.
M. Denya a souligné l’importance de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf) dans le développement des chaînes de valeur minérales intra-africaines et le renforcement de la collaboration transfrontalière, ajoutant que l’attraction de capitaux pour les infrastructures liées à l’exploitation minière, le transfert de technologie et le développement des compétences est essentielle.
« Nos politiques minières doivent également donner la priorité aux normes environnementales, sociales et de gouvernance, en veillant à ce que l’exploitation minière profite aux communautés plutôt que de les déplacer », a-t-il déclaré ; ajoutant que cette approche permettrait de créer des millions d’emplois qualifiés pour les jeunes et de réduire la dépendance à l’égard des marchés mondiaux volatils tout en renforçant le commerce intra-africain.
Réitérant l’engagement d’Afreximbank à soutenir le secteur minier africain et à veiller à ce que les richesses minérales stimulent la croissance économique plutôt que de perpétuer la dépendance à l’égard des ressources, M. Denya a annoncé qu’au cours des trois dernières années, la Banque avait approuvé plus d’un milliard de dollars US pour soutenir les projets du secteur minier et minéral à travers le continent, y compris le financement du développement et de la construction d’une usine de traitement de la bauxite en Guinée, le soutien à l’expansion d’une usine de traitement du manganèse au Gabon et le financement du fonds de roulement d’une société de diamants au Botswana.
Parmi les autres grands projets soutenus par la Banque, figurent une usine d’engrais pétrochimique en Angola, une usine de pigments de dioxyde de titane en Afrique du Sud et l’étude de faisabilité d’une usine de traitement d’une mine de calcaire au Malawi, a-t-il ajouté.
M. Denya a déclaré que la mise en place du Fonds d’ajustement de la ZLECAf d’un montant de 10 milliards de dollars US, géré par le FEDA, la filiale d’investissement à impact d’Afreximbank, apporterait un soutien financier essentiel aux pays et aux entreprises en transition vers le nouveau régime commercial, y compris ceux du secteur minier. Il a ajouté que les efforts de la Banque visant à harmoniser les normes et à mettre en œuvre le Régime collaboratif africain de garantie de transit faciliteraient également la circulation sans heurts des minerais et du matériel minier à travers les frontières, réduisant les goulets d’étranglement logistiques.
Afreximbank s’appuie également sur des plateformes numériques, telles que l’Africa Trade Gateway et le Système panafricain de paiement et de règlement, pour permettre des transactions et un accès au marché efficaces, ce qui garantirait que les vastes richesses minérales de l’Afrique soient utilisées pour stimuler l’industrialisation, la création de valeur ajoutée et la résilience économique sur le continent, a-t-il ajouté.
M. Denya a en outre souligné qu’Afreximbank, en collaboration avec des partenaires de développement, pilote le développement et l’expansion de parcs industriels et de zones économiques spéciales (ZES) pour relever les défis d’infrastructure qui entravent la croissance industrielle.
L’une des initiatives les plus transformatrices dans le cadre de ce pilier a été les Zones économiques spéciales de fabrication de batteries pour véhicules électriques de la RDC et de la Zambie – un projet qui positionne l’Afrique au centre de la transition énergétique mondiale par la mise en œuvre de ZES pionnières en matière de batteries visant à faire des deux pays des destinations d’investissement compétitives à l’échelle mondiale pour la chaîne de valeur des batteries pour véhicules électriques.
L’African Mining Indaba 2025, qui se tiendra du 3 au 6 février, est le premier rassemblement où les décideurs africains, les leaders de l’industrie et les partenaires mondiaux travaillent à façonner l’avenir du secteur minier africain.